Le commencement… Une notion qui vous paraît bien simple n'est-ce pas ? Mais attention jeunes mécréants, le premier qui aura l'audace de me répondre « mé oui sa ve dire le débu LOL » aura affaire à mes dents affûtées — et je vous prie de croire qu'elles le sont sensiblement ! Car au-delà du fait de marquer le départ de quelque chose, ce concept se révèle d'une richesse que je vais me faire un devoir de vous exposer à présent. Vous êtes prêts les jeunots ?

Les origines des zommes (ou pas, d'ailleurs) !

Cet homme est impérialiste, pas empiriste.

Dans un premier temps, positionnons-nous dans l'optique la plus simpliste possible. En effet, quand on parle de commencement, on a tendance à entendre par là « point de départ » mais la façon dont on appréhende ce dernier est sujette à bien des variations ! De fait, tandis que certains s'évertuent à prouver qu'à la naissance, les êtres humains ne sont que des pages blanches qui ont tout à apprendre de leur vécu futur — ces derniers étant appelés les philosophes empiristes et je ne tolérerai pas qu'on me dise « ah oué kom Napoléon » !!! — d'autres arguënt que dès nos premiers braillements de nourrissons encore tout recouverts de résidus de placenta nous aurions, ancrés en nous, certains principes inaltérables comme la conscience de nous-mêmes, tout comme en étaient dotés nos ancêtres avant nous et ainsi de suite — ceux-là portent le doux nom de « rationalistes ». Ce postulat se révèle intéressant en ce qu'il considère tout commencement non pas comme l'apparition ex nihilo d'une chose vierge mais comme la concrétisation d’a priori dans des êtres, qui n'ont plus alors qu'à vivre selon la conduite de ces derniers. Après, chacun en pense ce qu'il veut mais ce raisonnement a au moins le mérite de débarrasser la notion de début du préjugé selon lequel « ben avant qu'il ya 1 truk il y a ri1 lol ».

Déterminisme dans ta face !

Apparaît ensuite une notion tout aussi fun : le principe de causalité. Pas la peine de vous faire un gros topo là-dessus, puisque nous allons avoir seulement besoin de son aspect le plus basique, à savoir que rien ne se fait sans découler d'une cause antérieure, pour expliquer ce qu'est cette merveilleuse chose que le déterminisme. Il s'agit d'une théorie affirmant que toute notre vie découlera plus ou moins directement de notre état initial, à savoir l'instant où la sélection naturelle des spermatozoïdes s'est accomplie pour réaliser le miracle de l'existence. Pour donner un exemple concret, admettons un individu et nommons-le Bébert pour les besoins de l'article, individu affligé d'une tare affreuse : effectivement, personne ne peut ignorer la tignasse de cheveux roux qui orne son crâne et qui, en plus de le rendre disgracieux, le marque comme suppôt de Satan. Tout au long de son existence et en excluant la possibilité d'une teinture, le pauvre Bébert sera l'objet de brimades, rackets et séjours forcés dans les poubelles municipales. Certes, cette idée déterministe peut sembler totalement fallacieuse mais elle montre bien que, si on regarde cela d'un point de vue moins extrême que de tout rapporter à son origine, une chose aura plus tendance à suivre tel ou tel cours d’évolution qu'un autre. Le commencement ne serait pas juste un instant créateur mais l'amorce d'une continuité. Et en plus ça nous permet d'introduire notre troisième point, c'est-y pas beau ?

Le commencement c'est le passé mais en fait non

Salaud de Grec !

Héraclite — un Grec de l'Antiquité, sûrement barbu et homosexuel — a dit « on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve ». Ces propos peuvent paraître sibyllins pour le profane et le maître nageur moyen, cependant ils font apparaître des enjeux importants. En effet, lorsque l'on plonge dans un fleuve pour en sortir et y replonger dix minutes après, l'eau s'est quand même écoulée et on ne se baigne pas exactement dans la même. À moins qu'elle soit en train de croupir mais là, je ne répond plus de rien ! Pourtant, il n'empêche que le fleuve, lui, reste un fleuve et que, même si la substance matérielle a changé, l'essence de ce qu'il est demeure. Il en est de même pour les humains car, si tout le monde était condamné à rester tel quel depuis sa naissance, le monde serait peuplé de bébés de plus de quarante ans et ferait un parfait paradis pour tous les pedobears. Néanmoins, même si nous grandissons, nous restons la même personne, ce qui nous permet d'attester du changement et de nous dire « quand je suis né, les choses étaient comme ça et, maintenant, elles sont autrement ». Le commencement ne serait alors pas un début stricto sensu — nononon, ça n'a rien de dégueulasse — passé et révolu mais bien un point donné du temps, autour duquel les existences pivotent et peuvent se comprendre. Des gens ont assisté à notre commencement, nous assisterons au commencement d'autres personnes et ainsi, nos vécus peuvent retracer une histoire globale où chaque départ n'est qu'une fenêtre vers le départ d'une autre essence, dans ce monde qui demeure, tel un fleuve dont nous serions les molécules d'eau en perpétuel renouvellement. Il y a eu des choses avant notre commencement et il y en aura encore après notre fin. Et bim, reste à ta place saleté d'humain mortel.


Et on pourrait continuer comme ça pendant des heures et des jours, parlant de l'histoire du monde, de la mémoire, de l'objectivité historique… mais après, cette brève ferait des pages et des pages et ça ne serait pas très écolo. Ouioui, je suis intimement convaincu que, quelque part, des nains informatiques coupent des petits arbres virtuels pour les transformer en page Word. Tout ça pour dire qu'il faut apprendre à réfléchir aux choses les plus simples avant de les considérer comme acquises, bandes d'ignares… en commençant par le commencement !