Baten Kaitos, les ailes éternelles et l’océan perdu (paye ton titre) est sorti sur Gamecube en 2005. Si le jeu a eu un vif succès chez les connaisseurs, il reste assez méconnu du grand public. Pour preuve, la suite Baten Kaitos Origins n’est même pas sortie en Europe. Je vais donc vous parler du jeu qui est pour moi le meilleur jrpg de l’histoire du jeu vidéo. Le terme jrpg (japanese role playing game) fait référence aux rpg japonais, comme les Final Fantasy, par opposition aux rpg occidentaux, Elder Scrolls, par exemple. Mais venons-en au fait : pourquoi ce jeu roxx du pâté slovaque. Pour trois raisons : un univers très bien fait et original, un bon scénario et un gameplay unique — j’ai jamais vu quelque chose qui y ressemble depuis. C'est essentiellement de ce dernier point que je vais vous parler. Ah, et les musiques poutrent aussi.

L’univers

Pour faire simple, le monde a été détruit il y a longtemps par Malpercio, le dieu de la destruction. Depuis, les humains vivent sur des îles flottantes et ont des ailes. Ouais, j’ai pas capté le délire non plus, « Bcuz swag » je suppose. Il y a cinq grandes îles, auxquelles s’ajoutent vers la fin du jeu de nouveaux endroits chelous. Chacune de ces îles possède un aspect et une culture distincts et chacune d’elles abrite un des cinq « magnus ultime », des artefacts qui contiennent le pouvoir scellé de Malpercio. Le but du jeu, au début en tout cas, est de récupérer les cinq magnus ultimes pour empêcher la résurrection du dieu maléfique. Pas très original je l’admets volontiers, mais ça viendra et je préfère ne pas vous spoiler. Mais quand même, je vais vous spoiler un peu, y a une île en nuage, une ville dessin animé, une autre en or et même un village en pâtisserie.

Un autre élément important de l’univers est l’existence et l’utilisation de « magnus ». En gros, ce sont des cartes dans lesquelles est emprisonnée l’essence d’objets. Il en existe trois types dans le jeu : les magnus de combat, les équipements et les magnus de quête. Si le jeu ne présente pas la durée de vie aberrante d’un Final Fantasy, il est tout de même très bien fourni en quêtes annexes et la quête principale est d’une durée fort honorable pour le genre. Comptez entre cinquante et soixante heures pour votre première partie.

Le gameplay

Tout le gameplay tourne autour de ces fameux magnus. Les équipements ont une importance assez mineure, à l’exception des derniers. Chaque personnage peut porter un seul équipement, qui booste certaines stats et donne des résistances en pourcentage aux altérations d’état. Mais osef de tout ça, nous on veut du fight ! Et ben justement, c’est là que ça devient compliqué.

Chaque personnage possède un deck de magnus, dont la taille augmente au fur et à mesure de l’avancée du joueur dans la quête principale. Les combats se déroulent tour par tour. Le joueur peut utiliser une suite de magnus — de deux à neuf suivant le niveau du personnage — qu’il peut choisir dans sa main, qui varie de trois à sept magnus. Chaque fois qu’un magnus est utilisé, le personnage en pioche un nouveau. Si le choix des magnus est très technique — mais j’y reviendrai — le joueur n’a que peu de temps pour réfléchir : en effet, les tours sont en temps limité. Le temps disponible dépend du personnage et de son niveau et, en défense, il dépend de la vitesse d’attaque de l’adversaire. Maintenant que je vous ai expliqué les bases, voyons ce qui rend ce gameplay si particulier.

Les éléments

Il existe six éléments, opposés deux à deux : feu/eau, lumière/ténèbres et temps/vent. Si dans un même tour un personnage utilise des magnus d’éléments opposés, les dégâts élémentaires s’annulent. De même, lorsqu’un ennemi vous attaque avec des dégâts élémentaires, il vous faut utiliser une armure de l’élément opposé pour vous en protéger. Sinon, vous pouvez toujours opter pour une défense neutre, qui aura le mérite de bloquer les dégâts de tous les ennemis, quoique pas complètement. Apprenez aussi quels éléments utilisent vos adversaires en défense, pour ne pas attaquer avec l’élément opposé. De plus, la plupart des ennemis ont des faiblesses, exprimées en pourcentage de dégâts supplémentaires, et des résistances équivalentes aux éléments opposés. Le jeu des éléments est donc une partie intégrante du gameplay et un aspect qu’il faut toujours prendre en compte. Sinon, on se retrouve comme un con : « wuuut jlui ai balancé dans la gueule tous mes meilleurs magnus et un ultimate ! Wtf haxx, 0 damage! Nerf dis shit! »

Les chiffres spirituels

Chaque magnus comporte de un à quatre chiffres, nommés « chiffres spirituels ». Lorsqu’on joue un magnus, on peut choisir un de ces chiffres. Et si tous les magnus du tour forment une combinaison avec ces chiffres (suite, carrés, paires, etc.) on bénéficie d’une augmentation de dégâts. La meilleure combinaison est la suite de neuf chiffres, qui augmente les dégâts du tour de 111 %. Pour bénéficier du bonus, il faut cependant qu’aucun magnus ne soit hors combinaison : un brelan, un carré et une paire donnent un bonus mais un brelan, un carré, une paire et une carte seule, non. Encore une subtilité à maîtriser mais, cette fois-ci, on peut s’en passer. Car, si on ne fait pas de combinaison, on ne reçoit pas de malus. Donc au pire on peut zapper cet aspect du jeu, contrairement aux éléments. Mais ça enrichit grandement le gameplay.

Les combos

Les combos ne sont pas réellement un élément de gameplay car ils n’ont aucun impact sur le combat lui-même. Pendant un combat, si certains magnus sont utilisés ensembles, ils vont former un combo et créer un nouveau magnus, qui sera récupérable dans le butin. Et pour les combos, les devs se sont fait bien plaisir. Par exemple, toutes les viandes — des objets universels qui infligent des dégâts — peuvent être cuites avec un sort de feu pour créer un magnus de soin. Mais si le sort de feu est trop puissant, la viande sera brûlée et pourra être utilisée pour taper, élément ténèbres ftw. De très nombreux magnus du jeu, la moitié à peu près, sont quasi inutiles, voire réellement sans effet, et servent uniquement pour ces combos. Certains combos se découvrent facilement — comme ceux du livre vierge et des nombreux stylos — d’autres par hasard et d’autres en lisant les commentaires des magnus. Ah et, au fait, vous saviez que si on met de la sauce soja sur du flan, ça a un goût d’oursin ? Et que le miel sur du concombre, ça donne un goût de melon ? Perso, j'le savais pas. Et je doute que ce soit vrai, mais dans Baten Kaitos, ça marche !

Le vieillissement des magnus

Dernier point et non des moindres : certains magnus évoluent avec le temps. Par exemple, tous les fruits, poissons et viandes pourrissent, les glaçons fondent, la photo d’amoureux — qui enflamme l’adversaire ! — devient la photo de cœur brisé, les dettes augmentent, etc. Au cas où vous ne l’auriez pas compris, il y a énormément de magnus différents et il y en a pour tout et n’importe quoi. La plupart des armes et armures n’évoluent cependant pas. Et certains magnus évoluent de manière cyclique, comme celui de la météo ou de l’horoscope, qui change toutes les minutes environ. D’une certaine manière, votre inventaire est vivant. Et ça, c’est encore une chose à maîtriser.

En gros…

… si vous aimez les jrpg, ruez-vous sur ce jeu. Il offre une expérience unique, avec de très nombreuses subtilités à maîtriser. Un jeu à la fois beau, poétique, bon et technique. En un mot, une petite perle. Ouais ouais, en fait ça fait deux.