Introduction

On nous en a rebattu les oreilles pendant des mois avant sa sortie, et même avant son annonce, au vu du désastre de Dragon Age 2. Moi-même, en bonne fangirl du studio Bioware, j'avais essayé de refréner tant bien que mal mon excitation, et je vous prierai de croire que ça n'a rien à voir avec un certain protagoniste du premier volet (qui, du reste, n'apparaît pas). C'est pourquoi, malgré les prix de plus en plus rédhibitoires des jeux à grosse production, j'avais pu me procurer la version téléchargement sur la plate-forme d'Ubisoft. Remise de mes émotions, (adieu équivalent de deux semaines de courses, tu me manqueras) j'ai aussitôt créé ma partie. La suite… Fut quelque peu chaotique. Il faut croire que j'aime ça, les relations chaotiques. Hum.

Les premières impressions catastrophiques…

Bizarrement, contrairement à mon habitude, je n'ai pas mis dix heures à créer mon personnage. Impatience ou effet raté de la part de Bioware, je ne saurais vous dire quelle explication est la bonne, mais toujours est-il que la personnalisation de son/sa petit(e) protégé(e) n'est franchement pas à la hauteur de ce que faisaient miroiter les sites de tests, qu'au passage je ne remercie pas. C'est une chose de louer les qualités graphiques et le choix infini de couleurs proposé pour les pupilles, c'en est une autre d'être confronté à la réalité et à la palette de coiffures encore plus pauvre que Dragon Age : Origins. Rendez-vous compte : on a le choix entre la victime de la mode qui s'est rasé un côté du crâne et la cancéreuse en phase terminale qui n'a plus aucun cheveu sur le caillou ! On n'arrête pas le progrès !

Ironie mise à part, je n'ai pas trouvé le character builder très réussi pour un jeu que l'on a attendu aussi longtemps, mais comme DA:I est un RPG et non un Sims-like, je ne peux leur en tenir rigueur. C'est aussi sans doute pour ça que j'ai préféré passer directement à l'étape d'après, à savoir l'intrigue et le système de jeu.

Ça y est, la cinématique commence ! J'ai le cœur qui se serre, mais mon chat n'en a rien à foutre et ne se propose pas comme peluche souffre-douleur, tant pis ! Je suis enfin libre de mes mouvements, je précède Cassandra dans la toundra glacée, je me bats et je ooooooooh…

…Je suis déception. Mon jeu rame comme un petit sixième sur son exo de maths un dimanche soir. Pourtant pourvue d'une carte graphique considérée comme viable pour faire tourner le jeu en définition moyenne voire élevée, et d'un processeur i5, je tire un peu la langue pour terminer le tutoriel sans que mon personnage n'ait l'air foudroyé par Parkinson. Les options graphiques rétrogradées, le jeu ne devient soudainement pas horrible, mais je sais que je suis condamnée à subir les chevelures en plastique moulé jusqu'au générique de fin1. Tristesse.

La suite qui m'attend n'est guère plus emballante. Relâchée à Darse sans autre explication que « tu as une marque sur la main mais on a qu'à se dire que c'est pour faire le bien et non l'inverse », je n'ai plus qu'à faire le tour des fermes et ramasser des elfidées. Bon, pas trop quand même, sinon on va croire que mes origines nobles ne sont que des mensonges, et ce serait un peu con vu que tout le monde me reluque quand je ramasse mes champignons, certain que je vais faire des miracles.

Avec toutes ces failles, vous allez finir par pouvoir prétendre à un CAP en colmatage de murs… (Cliquez, l'image devient grande !)

Histoire de ne pas trop spoiler ou spolier qui que ce soit, je ne vais pas rentrer dans les détails, mais le début de DA:I est très, très pénible. Au niveau des failles, on ne vous a pas menti, vous allez devoir en refermer une tripotée ! Si les quêtes débiles de Zelda qui vous envoyaient chercher du miel pour réparer un pont vous ont plu, vous allez exulter dans ce jeu ! Donnez le meilleur de vous-même lorsque vous irez voler au secours de ce malheureux Druffle perdu dans la forêt, ou que vous devrez vous battre avec des loups sanguinaires qui ont les yeux qui brillent, ooooooouh… Comme il n'y a pas de petit profit, vous ramasserez très vite tout un tas d'objets sur les cadavres, en espérant que personne ne vous demandera comment vous avez financé l'Inquisition.

Suite à ce passage trèèèèès long et trèèèèès ennuyeux, (ne dites pas CMB, au risque de vous retrouver avec un paradoxe d'ego) vous ferez la connaissance du grand méchant, qui ne casse pas trois pattes à un canard question charisme mais remplit correctement son job. Je ne continuerai pas à développer, sous peine de finir lynchée publiquement pour spoil inconsidéré, mais le passage avec le Gropabô à Darse m'a vraiment outrée. Dans le genre devs qui rigolent grassement du gentil héros qui essaye de sauver tout le monde, on n'a pas fait mieux, bravo !

C'est après tout ce chemin parcouru que la seconde partie débute… BIOWARE IS BACK, BABY.

Les miracles existent !

Remettez vos bottes de maître du monde, couvrez bien vos yeux devant les éclats de l'awesomeness, et oubliez toutes vos blessures dues à DA2 ! Il aura fallu tuer le tiers du bestiaire de DA:I avant d'en arriver là, mais croyez-moi, ça valait le coup.


Les principaux reproches que je faisais à Inquisition étaient les suivants.

  • Au niveau des personnages, c'est plat de chez plat. Du moins, au début. Si l'on a joué aux deux précédents volets, ça passe encore, parce qu'on aura pu les connaître avant. Mais sinon, pour un joueur qui débute ou ne s'est pas nécessairement attaché aux personnages, le fait qu'ils ne communiquent pas avec vous ou ne soient pas présentés d'une façon ou d'une autre est assez déconcertante.
  • Les quêtes à la WoW étaient vraiment rédhibitoires. Je peux comprendre l'intérêt scénaristique et tactique de nous faire courir de long en large sur la carte, mais quelquefois, c'était vraiment trop.
  • Devoir retourner au camp à chaque fois que la réserve de potions est épuisée est assez souvent rageant, au vu des distances à parcourir à pattes et du respawn régulier des mobs. Mention spéciale pour les potions autres que curatives, qui ont un fonctionnement de réapprovisionnement assez difficile à trouver (vu que le tuto ne couvre pas ce point).
  • Les montures sont pour ainsi dire, inutiles. Elles ne vont pas nécessairement plus vite que quand le personnage se déplace à pied, et sont peu maniables. Une grosse déconvenue.
  • Les récompenses d'énigmes ou les loots étaient peu à la hauteur.

La seconde partie ne règle pas tous les problèmes, mais disons qu'elle possède ces avantages.

  • Les personnages ont une implication supplémentaire dans la prise de décision, mais aussi les différentes épreuves que nous serons amenés à traverser. On pourrait croire que ceux qui ne font que rester à la base quand on est occupé à tuer des méchants rebelles en boucle sont de ce fait bien moins intéressants que les compagnons. C'est faux.
  • Les romances peuvent se développer (CULLEN, REVIENS ICI). Pas mal de choix à ce niveau-là, même si les dialogues sont parfois un peu courts pour qu'on puisse y voir autre chose qu'un à-côté plaisant. Les quêtes secondaires des personnages sont débloquées. Vous pourrez jouer les polygames jusqu'à ce que vous officialisiez avec l'un d'entre eux, si vous souhaitez mater des relations sexuelles entre pixels.
  • On comprend enfin pourquoi et pour qui on est dans ce foutu bourbier. Ce qui n'est pas rien quand on met à côté le fait qu'il a fallu une bonne demi-douzaine d'heures de jeu pour en arriver là. Tout arrive à qui sait attendre était l'adage de l'année chez Bioware apparemment…
  • Le craft sert enfin à quelque-chose. Enfin, disons, autre chose que de fabriquer des morceaux d'armes qu'on ne peut pas intégrer à celles qu'on a déjà.
  • Les nouvelles cartes et nouvelles missions principales sont franchement chouettes.
  • L'influence donne des bonus plus sympas qu'au début. Bref, on commence à s'amuser vraiment. Ouf.
  • Conclusion

    DA:I est un bon jeu, ne soyons pas inutilement sévères. Mais il faut bien l'admettre, il a quelques grosses lacunes, qui seront plus ou moins importantes selon les priorités du joueur. Pour vraiment apprécier ce jeu, il ne faut pas hésiter à espacer les sessions, et à le recommencer après l'avoir terminé une première fois. On se rappelle de la promesse de Bioware à propos du nombre impressionnant de fins différentes selon les choix successifs du joueur : le constat est plus mitigé, mais reste défendable. C'est un jeu assez soigné, qui le devient d'autant plus après les différents correctifs qui voient le jour en ce moment. En outre, il se voit doté d'une équipe de doublage plutôt talentueuse et d'une bande son peu présente mais toujours efficace (ce qui surprendra sans doute les joueurs du premier volet, qui avaient l'habitude d'entendre de la musique en quasi-permanence) et n'hésitant pas à laisser place à des moments de silence. Une mention spéciale aux scénaristes, qui ont su glisser quelques moments humoristiques réjouissants ! Pour les amateurs de coop, un mode multi-joueur est intégré au jeu, mais je ne l'ai pas encore testé, car ma priorité restait le jeu solo. L'un des points noirs du jeu reste sans doute le manque d'intérêt généré après l'épisode final, ce qui n'incite pas les joueurs à poursuivre leur exploration ou à terminer les différentes énigmes. C'est bien dommage. Le second point noir est que DA:I ne tient pas la route face à d'autres concurrents, au même potentiel de base, comme par exemple The Witcher II. L'histoire très tout public du premier fait peut-être un peu neuneu face au script du second. Bien que TW II s'adresse très ostensiblement à un public adulte et mature, et DA:I plutôt aux 15-25 ans, la différence de traitement dans les dialogues affadit l'étalon de Bioware.

    DA:I intègre l'alternance jour/nuit sans bonus ni malus. Un petit détail qui tend à rendre l'univers d'autant plus plausible, et c'est appréciable. Comme vous pourrez le remarquer, le HUD ne casse pas trois pattes à un canard, mais reste soigné. (Cliquez, l'image devient grande !)

    En somme, nous avons ici affaire à un jeu qui vaut le détour, mais peut-être pas les soixante euros initiaux que l'on devait mettre sur la table. Si vous avez l'occasion d'y jouer, n'hésitez absolument pas. En revanche, si vous souhaitez l'acquérir, attendez quelques semaines que le prix baisse afin de ne pas vous mordre les doigts si jamais il ne vous emballait pas plus que ça.




     1 Des mises à jour ont depuis été mises en place pour palier certains de ces soucis, dont les chevelures plastiques.